LISBONNE (géographie)

LISBONNE (géographie)

LISBONNE, géographie

Capitale du Portugal, Lisbonne comptait, en 1960, 800 000 habitants dans la ville proprement dite et 1 400 000 dans l’ensemble de l’agglomération. En 1991, ces chiffres sont respectivement passés à 812 400 et à 1 848 000, ce qui montre que l’accroissement est localisé surtout dans les banlieues, tandis que le centre urbain tend à se vider. L’agglomération groupait en 1991 un cinquième de la population du Portugal non insulaire. Pour comprendre son importance, il faut se souvenir que Lisbonne est, d’une part, non seulement la capitale d’un petit État européen, mais celle d’un vaste empire, qui a eu des périodes de grande prospérité et, d’autre part, que le Portugal a connu récemment un exode rural intense, dirigé en partie vers la capitale.

L’agglomération s’étale largement sur les deux rives du golfe intérieur qu’est l’estuaire du Tage. Sur la rive nord, de part et d’autre du noyau ancien, c’est sur plus de 50 kilomètres que s’étire le front urbain: de la plage de Cascais à l’ouest jusqu’aux nombreuses usines qui atteignent Vila Franca de Xira. Sur la rive sud, les quartiers récents, qu’il s’agisse de résidences de week-end en bord de mer (Caparica), «d’ensembles-dortoirs» (Almada, Cacilhas) ou des noyaux industriels, sont davantage disséminés au gré des indentations de la côte et ne constituent pas encore une agglomération continue.

La ville proprement dite, centre du commerce, des affaires et de l’administration, est construite le long d’une étroite vallée d’orientation nord-sud, à fond plat et à flancs raides où, en venant du Tage, on rencontre successivement le Terreiro do Paço, vaste place ouverte sur la mer, aujourd’hui encombrée d’automobiles en stationnement, le quadrillage régulier des rues de la Baixa reconstruite après le tremblement de terre de 1755, où se concentre dans la journée une intense activité de «city», la place du Rossio d’où partent deux larges avenues qui suivent des vallées confluentes disposées en Y, l’avenue de la Liberté et l’avenue Almirante-Reis. Autour de ces grands axes modernes s’amoncelle un dédale de collines coupées de ruelles tortueuses et escarpées, où se serrent les vieux quartiers de la capitale. À l’arrière, plus au nord, sur le plateau qu’échancrent les vallées descendant vers le Tage s’étalent les quartiers bâtis depuis la Première Guerre mondiale, les Avenues nouvelles puis Alvalade, au plan plus large et régulier.

L’accroissement de la population multiplie les banlieues, qui bourgeonnent au long des axes de transport (voies ferrées de Cascais et Sintra, route de Loures) en englobant les noyaux constitués par d’anciens villages, mais qui s’étalent aussi de façon anarchique dans les intervalles mal desservis où se multiplient les baraques et les constructions en dur «clandestines», c’est-à-dire réalisées en marge des règlements d’urbanisme. Ce sont ces communes qui enregistrent les accroissements les plus spectaculaires (Amadora, 9 700 hab. en 1940, 47 000 en 1960, 95 518 en 1987).

Dans cette ville immense, chaotique, la circulation est difficile malgré d’innombrables tramways et autobus et en dépit de la construction d’un métro. La vieille ville dominant le Tage est faite de maisons basses qui gardent encore parfois d’étroits jardins coincés au fond des cours. Toutes les classes sociales se côtoient dans ces quartiers pittoresques où voisinent, au long des rues étroites où les fenêtres ouvertes déversent à longueur de journée musique et publicités de la radio, de petites maisons, de vieux immeubles de rapport et quelques palácios aristocratiques, mais où la pelle des démolisseurs ouvre chaque jour de plus larges brèches. Dans les quartiers neufs, la ségrégation sociale est plus apparente. Les quartiers populaires sont formés en général d’immeubles de taille moyenne, alors que les ensembles de grands buildings à propriété «horizontale» sont destinés surtout aux classes moyennes et supérieures.

Alors que la structure professionnelle était très diversifiée, assez peu marquée par l’industrie et caractérisée par la prédominance des activités tertiaires, l’industrialisation récente de la région de Lisbonne s’est surtout faite en banlieue, sur les terres plates des rives nord et sud de l’estuaire du Tage, à cause des facilités de transport (rail et quais accessibles aux cargos). Ce sont surtout des industries (textiles et alimentaires) de transformation qui subsistent. Les activités tertiaires sont localisées dans la ville traditionnelle: commerce, banques et assurances, transports et communications, administration.

Depuis 1966, un pont monumental relie les deux rives du Tage. Mais le trafic est également assuré par de petites vedettes qui relient directement les ensembles-dortoirs de la rive sud au Terreiro do Paço. L’étendue de la zone urbaine, son relief abrupt et compliqué, la coupure du fleuve font de Lisbonne une ville compartimentée, où les divers quartiers conservent une forte personnalité et jusqu’à un certain point une vie autonome. En août 1988, un incendie a causé d’importants dégâts dans la vieille ville.

Port maritime (13 274 060 t en 1993) et dotée d’un aéroport international, centre touristique, Lisbonne est une ville attachante qui réalise un paysage urbain d’une rare beauté quand on le contemple depuis le Tage, mais dont l’extension est récente, à l’image de l’évolution générale d’un pays longtemps assoupi, mais aujourd’hui contraint de s’adapter au monde moderne.

Encyclopédie Universelle. 2012.